Les Yoga Sutra  de Patanjali

Les sutra  sont inclus à l'intérieur des commentaires et mis en evidence par des encadrements bleus . Source Wikipedia yoga sutra
Quelques pages d'un manuscrit historique des Commentaires des Yoga-Sutra ( Bhasya Yoga-Sutra ) en sanskrit devanagari. Les sutra sont inclus à l'intérieur des commentaires et mis en evidence par des encadrements bleus . Source Wikipedia yoga sutra

Yoga Sutra de Patanjali

 

Le Patanjalayogasastra

 

Le document sanskrit Patanjalayogasastra (traité du yoga de Patanjali) date des environs de l’an 400 de notre ère. C’est le document le plus ancien incorporant les fameux aphorismes connus sous le nom devenu iconique de « Yoga Sutra de Patanjali ».

 

Le texte du Patanjalayogasastra se compose de deux types d’écrits de style différents : les cent quatre-vingt-quinze sutra des aphorismes brefs et laconiques destinés à être mémorisés et les bhaṣya des commentaires plus explicites qui les accompagnent.

 

Le Patanjalayogasastra formalise les conceptions d'une des six darsana écoles orthodoxes de la philosophie indienne nommée Yoga (avec une majuscule). (2). L’école du Yoga est historiquement associée à celle probablement antérieure du Samkhya. (35). On retrouve parfois le Yoga référencé sous le label Samkya-Yoga.

 

Le Patanjalayogasastra est issu de milieux brahmaniques soucieux de rétablir leur domination intellectuelle, religieuse et politique face au développement des positions bouddhistes, jaïnistes, shivaïtes et des autres tendances non orthodoxes. Il cherche aussi à contrer les philosophies se réclamant orthodoxes et prônant une philosophie non dualiste comme le Vedanta.

 

Le Patanjalayogasastra traité de libération spirituelle par la méditation. Il se préoccupe presque exclusivement de philosophie et très peu de pratique. Les exercices corporels y sont quasiment absents.  Il constitue néanmoins la référence du yoga classique nommé yoga de Patanjali ou Patanjala yoga ou Ashtanga yoga de Patanjali qui sera plus tard assimilé au Raja yoga. C’est un yoga spiritualiste, théiste, savant, élitiste, exigeant.  Il se destine à des êtres spirituellement prédisposés (24). In fine il propose une voie de détachement extrême visant une libération basée sur un isolement absolu utopique.

 

Le Patanjalayogasastra est une référence majeure dans l’histoire des idées de l'Inde mais ne constitue pas pour autant la référence doctrinale des différents yogas.  Les textes postérieurs ne lui conférent pas une grande importance et les premiers textes du Hatha yoga semblent l'ignorer complètement (1). Ce sont les orientalistes du XIXe siècle et les indépendantistes indiens qui attribuent aux « Yogasutra de Patanjali » le statut de texte fondateur du yoga (source Mark Singleton 2008).

 

Les multiples traductions, commentaires et interprétations modernes publiées depuis un peu plus d’un siècle se sont multipliées dans les trente dernières années. Elles voient dans le Patanjolayogasastra une exploration pertinente de la psychologie humaine et une invitation utile au détachement, au déconditionnement et à l’augmentation de la conscience qui peuvent aider les yogi à « faire avec » les souffrances et les limites inhérentes à la condition humaine.     

 

 

 

Les auteurs ? Patanjali ?

 

Selon la thèse la plus répandue les Yogasutra ont un auteur nommé Patanjali dont on ne sait s'il est unique ou multiple, réel ou mythique. Les commentaires bhyasa sont le plus souvent attribués au personnage mythique Vyasa ou Vedavyasa parfois identifié à Badarayaṇa fondateur du Vedanta qui aurait vécu entre 200 avant notre ère et 450 après [2].

 

En réalité on ne sait rien de spécifique ni sur l’auteur ou les auteurs du Patanjalayogasastra ni sur le personnage Patanjali. On manque de véritables travaux d’historiens mais il existe plusieurs hypothèses dont beaucoup font la part belle aux interprétations et aux expériences personnelles. Une même personne pourrait avoir réuni des sutra de sources plus anciennes, en avoir composé certaines et y avoir ajouté ses propres explications dans les commentaires bhyasa. Elles pourraient aussi être la compilation de quatre ou cinq contributions indépendantes. Quant au hbasya ils auraient pu être composés par le maître du Samkya Vindhyavasin alors que les Sutra remonteraient à Patanjali. (25)

 

La tradition  a longtemps identifié le Patanjali auteur des Sutra  avec le grammairien du même nom  qui a composé en 150 avant notre ère le  Mahābhāṣya le « Grand Commentaire » de la « Grammaire en huit parties » la Aṣhṭadhyayi composée en 400 avant notre ère environ par le grammairien Paṇini (29). La tradition a aussi identifié le Patanjali des Sutra avec l’auteur au premier siècle d'un traité fondateur de la médecine traditionnelle Ayurveda le Carakasaṃhita,[3] La tradition ne s'est pas contentée de réunir les trois auteurs dans une même personnage virtuel mais elle a promu Patanjali au rang de divinité en en faisant l'avatar du dieu serpent Śeṣa ou Ananta

 

La philosophie dualiste du Patanjala yoga

 

Le Patanjolayogasastra adopte une philosophie dualiste classique celle du Samkya. Cette métaphysique repose sur la coexistence et l’interaction de deux domaines ontologiquement différents le Purusha le principe de pure conscience, mâle, statique, immuable, permanent, libre de toute souffrance, de l’ordre de l’être et la Prakriti le principe de la nature du réel, principe femelle de l’ordre de la manifestation, constitué à partir la matière-énergie inconsciente mais éternellement active et changeante donnant le monde matériel (4). 

 

D’un côté, il existe d’innombrables âmes ou « soi » transcendantaux. Ils sont du domaine Purusha c’est-à-dire des entités de pure conscience, libres de tout contenu, permanentes et immuables. Le soi l’âme est distinct pour chaque individu. Il forme l’intériorité du sujet avec la capacité d’éclairer le mental sans en être affecté en retour (30).

 

De l’autre côté, la nature le réel le cosmos Prakriti est constitué des produits de la matière-énergie primordiale mulaprakṛiti qui est inconsciente, active et changeante. Plus de mille cinq cents ans avant les théories du Big Bang et du Darwinisme Patanjali expose une cosmogonie basée sur l’apport du Pusrusha à la Prakriti permettant à la matière-énergie primordiale mulaprakṛti de se transformer d'un état indéfini en objets du monde perceptible et en êtres vivants individuels dotés de capacités mentales. Le rapport entre le Purusha et la Prakriti est de l’ordre de la relation entre un observateur et l’objet qu’il observe (31). Sous le regard du Purusha la Prakriti se manifeste et devient active. Ce processus de transformation repose sur l’activation progressive des guṇa constitutives des forces de la nature (31).

 

Le processus de transformation de la matière-énergie primordiale en objets réels et en êtres vivants conduit entre autres à la formation du citta « l’organe interne » qui regroupe l’intellect, de l’ego, le mental et l’inconscient.

 

Le citta est le réceptacle des impressions formées à partir des objets perçus ou conçus par le mental. Il stocke des impressions conscientes ou inconscientes. Ces impressions proviennent non seulement de la vie présente mais aussi des vies antérieures. Les sutra mentionnent saṃskara les empreintes non conscientes consécutives à une action qui sont à l’origine de modifications du mental et vasana les empreintes héritées des vies antérieures qui s'actualisent dans la vie présente sous forme de pulsions ou de désirs4.

 

Karma et réincarnations dans le Patanjala yoga

 

Patanjali intègre dans sa philosophie les concepts traditionnels de la pensée indienne (28) que sont le karma et le samsara le cycle des réincarnations.

 

Karma en sanskrit ou kamma en pali (26) désigne l'action sous toutes ses formes. Le karma c’est aussi l’ensemble des causes et des conséquences des actes de chaque individu.  Le karma d’un individu est alors la somme de ce qu'un individu a fait, est en train de faire ou fera. Tout acte induit des effets qui se répercutent sur l’individu et contribuent à former sa destinée. Le principe du karma revient à appliquer une relation de cause à effet entre la moralité des actes et leurs effets, les bienfaits étant utiles et les méfaits néfastes.  

 

Les traces laissées par les actes ne se limitent pas à la vie de l’individu mais déterminent la qualité de ses réincarnations futures.  C’est le cycle du samsara : chaque esprit individuel ne se limite pas à une seule vie mais se réincarne en fonction de la nature et de la qualité des actes dans la vie présente et dans les vies antérieures. Ces réincarnations continuent jusqu’à l’éventuelle libération kaivalya.

 

Dans la vie courante, la proximité entre Purusha et Prakriti crée chez l’être vivant une identification erronée entre eux. Cette confusion est source de souffrance. L’esprit se fait des illusions sur sa transcendance. Le soi (l’âme, la conscience) se croit affectée par des contenus mentaux alors que ceux-ci affectent en réalité exclusivement l’esprit

 

Samadhi et Kaivalya dans le Patanjala Yoga

 

Le but de l'existence humaine est de mettre fin à l'identification erronée de l’âme (du « soi ») avec le mental (« l’esprit »), ce qui conduit à la libération spirituelle kaivalya. Kaivalya désigne l’isolement, le détachement de tous les liens avec la nature, la libération par la fin du cycle des renaissances. Kaivalya est l'état de celui qui a atteint le nirbija samadhi. Cet ultime samadhi implique pour la conscience (le Purusha) un détachement total de la nature (de la Prakriti), un arrêt complet des activités de l’esprit, une extraction du réel, un effacement radical et durable de l’existence individuelle. La cessation de la souffrance est obtenue en prenant conscience que le Purusha est entièrement séparé de la Prakriti. 

 

Le nirbija samadhi but ultime du yoga et condition de la libération selon le Patanjala Yoga implique un effacement radical et durable de l’existence, une séparation totale de la Prakriti   tels que logiquement le yogi devrait mourir pour atteindre la libération. C’est d’ailleurs ce qu’annonçait déjà le Mahabarata selon lequel la libération ne se réalise qu’au moment de la mort. Mais cette idée de libération à la mort sera vite rejetée (21). Le Patanjalayogasastra précise bien que le sage est libéré en restant vivant. Cette proposition de libération avant la mort est tout à fait paradoxale dans la mesure ou la libération passe par un effacement radical et durable de l’existence individuelle, un arrachement total du Purusha à la Prakriti. Pour justifier cette notion de libération avant la mort, Patanjali fait appel à une disparition de la dualité au moment de la libération grâce à un processus d’involution (de disparition) des propriétés de la nature (les guna) inverse du processus de création des êtres vivants. Ce processus d’involution impliquerait une transformation radicale de la personne où le corps sortirait complètement du réel du matérialisé et se muerait en un corps de gloire immatériel, quand son âme atteindrait l’isolement liberateur.

 

 

 

 

 

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Le Patanjalayogasastra souvent réduit aux Yogasutra a donné lieu à une longue tradition d’exégèse religieuse, philosophique ou psychologique. (23)  Il est la référence du seul yoga classique nommé yoga de Patanjali (Patanjala yoga) ou Ashtanga yoga de Patanjali et plus tard assimilé au Raja yoga. Ce yoga de Patanjali se préoccupe presque exclusivement de philosophie et très peu de pratique. C'est un yoga spiritualiste, savant et élitiste. Il propose une voie ardue vers la réalisation destinée à des êtres spirituellement prédisposés (24)

 

Les Yogasutra sont constituées de 195 aphorismes comprenant 1161 mots. Le mot sutra désigne le fil du collier suggérant que les 195 aphorismes du traité en seraient les perles. Il est composé de phrases brèves, laconiques, destinées à être facilement mémorisées. Les aphorismes sont souvent sans verbe parfois énigmatiques et la langue le sanskrit ouvre un large éventail de sens pour chaque mot. Chaque traduction, chaque commentaire des Yogasutra est une vision parmi d'autres, fruit d'idées extérieures et souvent d’une expérience personnelle du yoga.

 

Les Yoga Sutra ont donné lieu à des lectures psychologique. Les Yogasutra analysent des conditions d'asservissement de l'être humain et propose des méthodes de déconditionnement pour aller vers la libération kayvalya. Le karma s'y définit par les désirs profonds les marques les cicatrices. Les Yogasutra proposent de travailler les émotions par la conscience la connaissance "vraie" basée sur un point de vue supérieur celui du soi profond qui se place en spectateur. L'engagement dans ce travail de libération dépend d'une décision personnelle celle de se sortir des influences extérieures de se détacher.

 

Les yoga sutra mentionnent les pouvoirs supranormaux du yoga (sidhi) en indiquant qu'il faut y renoncer pour atteindre la véritable libération kayvalya

 

 Le Patanjolyogaasastra contient une analyse détaillée du samadhi. Il distingue deux types de samadhi celui avec support et cognition et celui sans support ni cognition. Il définit aussi des degrés et des caractéristiques de ces deux types de samadhi dont le stade le plus avancé le samadhi ultime conduit à extraire fondamentalement et durablement purusha la conscience de pakriti le réel permettrait la véritable libération kayvalya, par un détachement total de la matière tout en restant vivant (4).  le samadhi ultime conduit à extraire fondamentalement et durablement purusha la conscience de pakriti le réel. Ce samadhi a de plus la particularité de s'identifier au but du yoga cet état de perfection cognitive le plus élevé, un état déconditionné, un état de pure conscience où l’on atteint la libération kaivalya.

 

Les yoga sutra n'abordent pas les postures. Le terme sanskrit asana utilisé dans le yoga contemporain pour désigner les postures a plusieurs sens :  il peut signifier l’action de s'assoir, le siège sur lequel on s'assoit ou la position, la posture.  Dans les yoga sutra le terme asana désigne probablement la position assise pour pratiquer la méditation (X). Dans la bhagavadgita, asana désigne aussi le siège :  le dieu Krishna y enseigne à Arujna qu'il doit utiliser un asana un siège ni trop haut ni trop bas recouvert d'un tissu, d'une peau d'antilope et d’herbe pour se concentrer pratiquer le retrait des sens et purifier son soi.

 

Quinze siècles après la parution des Yogasutra Vivekananda et Krishnamacharya les ont installées dans une position de référence doctrinale du yoga que perpetuent la plupart des écoles de yoga contemporaines.  C'est d’abord Vivekananda qui identifie le Patanjalayoga au Raja Yoga (2).  C' est ensuite Krishnamacharya qui  associe les yogasutra au yoga postural qu'il enseigne . Le terme d'Ashtanga yoga utilisé dans les yogasutra sera même repris par  l'élève de Krishnamacharya Pattabhi Joïs qui créera l'ashtanga vinyasa yoga ce yoga postural dynamique très physique et parfois acrobatique connu maintenant sous le nom de Yoga Ashtanga  et à l'origine de plusieurs yoga posturaux dynamiques contemporains  Yoga Flow,  Yoga Vinyasa, Hatha Flow, etc. . 

 

Au XXe siècle les élèves de Krishnamacharya B.K.S. Iyengar, Pattabhi Joïs, T.K.V. Desikachar, Sri T.K. Sribhashyam, A.G. Mohan, Indra Devi et Srivatsa Ramaswami  fondent des  écoles de yoga qui propagent et amplifient la renommée de ce texte.  C'est avec ces écoles contemporaines en pleine expansion mondiale que les commentaires sur les yoga sutra sortent du cercle des orientalistes et se multiplient dans beaucoup de langues.

 

Le Patanjalayogasastra est devenu aujourd’hui une référence du yoga plus iconique que pratique ou doctrinale.

 

 

 

Notes et références:

 

https://www.sahapedia.org/patanjalayogasastra-alias-yogasutra-and-yogabhasya

 

https://www.sahapedia.org/patanjalayogasastra-alias-yogasutra-and-yogabhasya#_edn2

 

(2) Vyāsa est un sage légendaire, auteur et compilateur « prototypique » de l' hindouisme. Vyāsa est considéré comme une fonction spirituelle et intellectuelle : ce mot sanskrit signifie « compilateur » et désigne les auteurs d'un grand nombre de textes et d'œuvres collectives. Il est connu sous le nom de Bādarāyaṇa en tant que fondateur du Védanta ayant vécu entre 200 av. J.-C. et 450 ap. J.-C. Il aurait écrit le Brahma sūtra3.

 

(21) Qualifiée de « destruction de soi » l’idée de libération seulement à la mort sera rejetée par le commentaire Paramoksanirasakarikavritti

 

(24) Vivekananda reviendra mille cinq cent ans plus tard sur cette idée de prédisposition qu'il comparera  à la  grâce divine de la chrétienté.

 

(25) Philipp A. Maas A concise Historiography of classical Yoga  Philosophy Eli Franko ed. Wien 2023.

 

Johannes Bronkhorst   Patanjali and the Yoga Sutras Studien zur Indologie und Iranistik 10 (1985), 191-212

 

(27) Karma: Le terme se transcrit Kamma en pali2, en chinois (classique et simplifié ), (ごう = ) en japonais, las en tibétain, et kan en birman.

 

(28) en particulier dans l'hindouisme, le sikhisme, le bouddhisme et le jaïnisme

 

(29) Wikipedia :   Saṃskāra  est un terme qui désigne les impressions à la suite d'une action, les tendances résiduelles subconscientes.  Vāsanā signifie « imprégnation » ou « impression d'une sensation antérieure ». Les vāsanā sonty des Saṃskāra  issus dune vie anterieure et correspondent à ce que nous nommons les désirs, les tendances latentes ou encore les inclinations.

 

(3) Maas, ‘A Concise Historiography of Classical Yoga Philosophy,’ 66.

 

(30) Panini (en sanskrit : पाणिनि ; IAST : Pāṇini) est un grammairien de l'Inde antique (probablement du IVe siècle av. J.-C.) né à Chalatura au Gandhara1.

 

Il est célèbre pour avoir formulé en 3 959 sutras, connues sous le nom d'Ashtadhyayi2 (अष्टाध्यायी, Aṣṭādhyāyī et également appelées Paniniya), les règles de morphologie, de syntaxe et de sémantique du sanskrit. L'Ashtadhyayi reste un ouvrage de référence sur la grammaire du sanskrit3,4.

 

Rien de sûr n'est connu de sa vie, pas même le siècle au cours duquel il a vécu (certainement après le VIIe et avant le IIIe siècle av. J.-C.)3. D'après la tradition indienne, Panini serait né à Chalatura, près de l'Indus, aujourd'hui sur le territoire du Pakistan, et aurait vécu de 520 à 460 av. J.-C, durant la période védique tardive. Panini institue quelques règles spéciales, dites chandasi (« dans les hymnes »), pour rendre compte des formes védiques tombées en désuétude dans la langue parlée de son temps, indiquant que le sanskrit védique était déjà un dialecte archaïque, mais toujours compréhensible.

 

La grammaire de Panini est fortement systématisée et technique. Les concepts de phonème, de morphème et de racine sont inhérents à son approche analytique. Panini utilisait vers 500 ans avant J.-C. des règles contextuelles qui ne seront connues et comprises par les linguistes occidentaux qu'au XIXe siècle5. Les règles définies par Panini décrivent parfaitement la morphologie du sanskrit, et sont considérées comme si claires que les informaticiens les ont mises en œuvre pour enseigner la compréhension du sanskrit aux ordinateurs6. Son traité, l'Ashtadhyayi, est générique et descriptif, utilise un métalangage et des méta-règles, des transformations et la récursivité, ainsi qu'un système élaboré d'abréviations. La forme de Backus-Naur, ou grammaire BNF, utilisée pour décrire les langages de programmation modernes, possède des similitudes importantes avec les règles de la grammaire de Panini7, qui peut être ainsi considéré comme un informaticien précurseur8,9.

 

Le concept de dharma est attesté dans sa phrase d'exemple (4.4.41) dharmam carati, « il respecte la loi ». Un indice important pour la datation de Panini est l'occurrence de yavan-, « ionien, grec » dans 4.1.49, où la formation du mot yavanani (« femme grecque » ou « écriture grecque ») est discutée. On ne sait pas si le travail original de Panini était sous forme écrite ; certains prétendent cependant qu'un travail d'une telle complexité aurait été impossible à compiler sans notes écrites. D'autres envisagent la possibilité que Panini ait pu l'avoir composé avec l'aide d'un groupe d'étudiants dont les mémoires lui servaient de bloc-notes. Cependant, comme l'écriture apparaît en Inde sous sa forme brahmi au Ve siècle av. J.-C., il est possible que Panini ait connu et employé un système d'écriture.

 

(30) Marc Bellanfat les Aphorismes de l’Ecole du Yoga. Yoga l’Encyclopédie.  Albin Michel 2021 p 76

 

(35) Wikipédia https://fr.wikipedia.org › wiki › Sâmkhya: le Samkhya est codifiée dans la Sāṃkhyakārikā composée au IVe siècle ou Ve siècle de l'ère courante par Isvarakṛṣṇa. Kapila, dont on sait peu de chose, est donné comme le fondateur du « système Saṃkhya »