Dhyana : méditation

Dhyana la méditation

 

 

 

Le terme sanskrit dhyana est le plus souvent traduit par méditation.

 

Le dictionnaire Larousse mentionne trois définitions pour le mot méditation :  1/ action de réfléchir, de penser profondément à un sujet, à la réalisation de quelque chose, 2/ attitude qui consiste à s'absorber dans une réflexion profonde, 3/ concentration du corps et de l'esprit sur un thème ou un symbole. C’est cette troisième signification qui se rapproche le plus de dhyana la méditation yogique.

 

Dans le yoga « dhyana désigne la technique par laquelle on maintient de façon prolongée une attention exclusive sur un seul objet dans le but de développer des états mentaux et ontologiques avancés ». (Ref Mallinson Singleton aux origines du yoga p 297).

 

Les formes contemporaines du yoga étant dominées par les yogas posturaux basés sur des pratiques physiques avec les asana et dans une moindre mesure le pranayama, la méditation tend aujourd’hui à être considérée comme distincte du yoga.

 

Tout au long de son histoire pourtant le yoga s’est trouvé associé à des états et à des techniques de méditation. Dhyana la méditation figure parmi les membres de la plupart des systèmes de yoga.

 

C’est un des huit membres du yoga de Patanjali. Dhyana occupe une place fondamentale dans le yoga de Patanjali dont les yoga sutra peuvent s’interpréter comme un traité de méditation visant les états avancés de samadhi. Beaucoup de commentaires des yoga sutra considèrent que les huit membres doivent se pratiquer l’un à la suite de l’autre dans l’ordre où ils sont décrits : la méditation dhyana se positionne à la septième et avant dernière étape après avec les refrènements niyama, les observances yama, le contrôle du souffle pranayama, les postures asana, le retrait pratyhara, la concentration dharana et avant samadhi  l’absorption qui s’identifie à l’objectif du yoga.

 

Dans le système de yoga de Patanjali les deux termes de dhyana et samadhi restent des membres différents alors que par ailleurs ils sont très souvent interchangés. Par exemple, les traductions Ch'an en chinois, Sön en coréen, Thiền en vietnamien et Zen en japonais sont des noms d’écoles de dhyana bouddhistes, dérivées les unes des autres, où dhyana prend ce sens fort de samadhi.

 

La méditation est un des six membres des systèmes de yoga des traditions tantriques et shivaïtes  avec le contrôle du souffle, les postures, le retrait des sens, la concentration et l’absorption. Dans ces traditions les membres ne sont pas forcément classés de la même façon.

 

On retrouve aussi la méditation dans des systèmes de yoga de moindre influence à quatre cinq sept ou quinze membres.

 

Beaucoup de yogas modernes, qu’ils soient de type méditatif, psychosomatique, confessionnel ou même postural revendiquent la méditation comme constitutive de leur pratique. Selon Iyengar (1) le père du yoga postural portant son nom, les asana constituent une « véritable méditation ». Gregor Maehle (2) praticien et théoricien du yoga postural Ashtanga Vinyasa de Pattabi Joïs (3) écrit que la pratique des vinyasa (enchaînements dynamiques de postures) constitue en soi une méditation sur l’impermanence, lorsque le yogi passe de « faire sa pratique » à celui « d’être agis », « d’être mis en mouvement ».

 

En dehors du yoga la méditation se retrouve au cœur de nombreuses pratiques spirituelles comme le bouddhisme, l'hindouisme, le jaïnisme, le sikhisme, le taoïsme ainsi que dans d'autres formes plus récentes de spiritualité.

 

 

 

La méditation se pratique aussi dans des cadres laïques contemporains avec des objectifs thérapeutiques ou de bienêtre. Selon le cadre ou elle est mise en œuvre la méditation peut viser le relâchement, le bien-être, le calme du mental, la paix intérieure, la vacuité de l'esprit, des états de conscience modifiés. Le terme méditation a pris un sens très large allant de la simple relaxation, à la réalisation de soi.

 

 

 

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La première apparition du mot dhyana se trouve dans les Upanishads.

 

The earliest clear references to meditation are in the middle Upanishads and the Mahabharata (including the Bhagavad Gita). According to Gavin Flood, the earlier Brihadaranyaka Upanishad is describing meditation when it states that "having become calm and concentrated, one perceives the self (atman) within oneself"

 

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Pour pratiquer dhyana l'attention doit avoir un objet sur lequel se concentrer et elle doit s'y tenir. Ce point de fixation de l'attention, ce support de méditation peut être quasiment n'importe quoi.  Le débutant commencera avec un élément simple : un objet, un paysage, un son, un texte, un chant, un mantra, une visualisation, une figure géométrique etc.  C'est la capacité de la conscience à se maintenir en éveil focalisée sur un même objet sans se laisser distraire qui est la première caractéristique de dhyana.

 

Avec dhyana (comme avec dharana la concentration) il y a initialement un effort conscient pour repousser les pensées et les perceptions sans intérêt par rapport à l'objet choisi. La spécificité de dhyana c'est qu'au-delà de cet effort, il s’établit dans la durée un flux constant de sensations en provenance de l'objet et d'attention en direction de l'objet.

 

Avec dhyana l’agitation du mental disparait. Le calme intérieur la sérénité font leur apparition et s'installent. Le cœur s’ouvre à la bienveillance et à la compassion. L'esprit devient plus clair plus aigu plus sage. C’est dans ces conditions que la conscience profonde peut naître. Shri Aurobindo (4) définit dhyana comme "flux ininterrompu de conscience sur un objet particulier".

 

 Dhyana permet de s'affranchir des états mentaux qui entretiennent les souffrances

 

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En Occident à l'époque moderne la pratique de la méditation a retrouvé un regain d’intérêt avec la méditation transcendantale au XXe siècle dans les années 60 et au XXIe siècle avec la méditation de pleine conscience (1).

 

 

 

Méditation transcendantale

 

 

 

La méditation transcendantale est une marque déposée de relaxation et de développement personnel dérivée de la méditation indienne, introduite en Occident en 1955 par Maharishi Mahesh Yogi (1917-2008).

 

 

 

Selon son créateur, il s'agit d'une technique mentale de relaxation et de « développement de la conscience » qui est présentée comme « simple, naturelle, ne nécessitant aucun effort et se distinguant des autres techniques de méditation ou de relaxation par une absence totale de concentration et de contemplation ». 

 

Cette méditation se pratique à l'aide d'un mantra, un son abstrait utilisé mentalement, que les responsables du mouvement de la méditation transcendantale présentent comme « dépourvu de signification »

 

La méditation transcendantale aurait la capacité de générer un état de conscience que le Maharishi a baptisé « éveil au repos » et qui se traduit par un état physiologique plus ordonné, un relâchement de tension, et un accroissement de "l'intelligence créatrice".

 

Dans cette méditation, l'usage du mantra permettrait à l'esprit de se diriger vers un état de silence infini et de pure félicité appelé « conscience pure », équivalent au Soi. Dans le Védanta notamment l' advaïta, Védanta le Soi avec un S majuscule (parfois appelé « vrai soi » ou « Soi supérieur » par distinction avec l'ego ou « soi » avec un s minuscule), désigne l'identité première et ultime de l'être.

 

Une pratique régulière de la méditation transcendantale pourrait réduire la pression artérielle mais il n'y a « pas suffisamment de preuves de qualité pour conclure si oui ou non la MT a un effet cumulatif positif sur la pression artérielle ». Médicalement, l'efficacité de la méditation transcendantale est loin d'être établie mais la méditation transcendantale peut être envisagée en pratique clinique pour abaisser la tension artérielle car le bénéfice attendu est supérieur au risque.

 

L'acteur et réalisateur Clint Eastwood, accompagné d'autres personnalités, fait la promotion de la méditation transcendantale en tant que remède au stress provoqué par la guerre. Pour son anniversaire, le 25 octobre 2012, la chanteuse Katy Perry demande à ses admirateurs via Twitter de faire une donation à la fondation David Lynch pour offrir la Méditation transcendantale, qu'elle pratique depuis 2010, aux victimes de stress post-traumatique.

 

 

 

Méditation de pleine conscience

 

La pratique de la méditation de pleine conscience consiste d'abord à se poser bien éveillé pleinement présent (on dit "en pleine conscience" pour traduire l'anglais mindfullness qu'on pourrait aussi traduire par présence totale ou attention complète), conscient de ses perceptions, dans le moment ici et maintenant, sans jugement, sans attente particulière.  Cette pleine conscience aide à créer une distance émotionnelle saine avec les pensées empreintes d’inquiétude. Cette diminution des sentiments d'inquiétude a été mise en évidence par des études de l'activité des zones du cerveau. " Pendant une méditation de pleine conscience, votre cerveau s’entraîne à contrôler vos réactions. Donc si vous méditez assez souvent, vous pouvez mieux contrôler vos réactions dans votre quotidien, » explique Fadel Zeidan, directeur de recherche en neuroscience à la Wake Forest School of Medecine.  

 

Si le premier objectif de la méditation est de transformer notre expérience du monde, il s'avère également que l'expérience méditative a des effets bénéfiques sur la santé. Connue chez les psychologues et dans certains hôpitaux sous le nom de méditation de pleine conscience (de l'anglais mindfullness qu'il vaudrait mieux traduire par présence totale), elle favorise un état mental qui produit des effets thérapeutiques et préventifs sur la santé.  

 

La méditation "de pleine conscience" a fait l’objet d’études scientifiques qui attestent de ces bénéfices qu'elle procure dans différentes pathologies. Des expériences ont montré qu'un sujet exposé à un stimulus visuel invariant se détache des autres perceptions et perd contact avec l’extérieur : au cours de ce processus les vibrations de son cortex central adoptent un rythme dit "alpha".  Il en est de même lorsque l'attention est concentrée sur d'autres supports de méditation comme la répétition d'un mantra, la visualisation d 'un yantra, la respiration rythmée. Matthieu Ricard (*) s'est prêté à plusieurs examens, qui confirment les modifications de l'activité du cerveau en état de méditation : ces modifications concernent notamment des aires cérébrales liées à la gestion du stress et à l'attention.

 

Les  indications médicales de la méditation de pleine conscience  sont la lutte contre le stress,  la prévention des rechutes chez les personnes dépressives, la diminution des symptômes d'anxiété et la réduction des souffrances psychologiques liées au cancer; mais la méditation  serait également intéressante (effets à valider ou à confirmer) dans d'autres pathologies: addictions, diabète, boulimie, maladie coronaire, asthme, hypertension,  troubles bipolaires, bouffées de chaleur, psoriasis, etc. . La méditation favorise un état mental qui stimule aussi le système immunitaire et joue donc un rôle positif dans la prévention des infections notamment respiratoires.  Autant d'arguments qui encouragent la pratique de la méditation à titre individuel dans une démarche de prévention ou de recherche du bien-être.  Si la pratique de la méditation a des effets positifs, il est important de ne pas se focaliser sur la recherche de ces bienfaits, car l'attente de résultats ne ferait que créer des tensions à l'opposé même des principes de disponibilité.  

 

 

Références Notes

 

(1)    B. K. S. Iyengar né le 14 décembre 1918 à Bellur en Inde et mort le 20 août 2014 à Pune en Inde, est un maître de pratique du yoga. B.K.S. Iyengar insistait particulièrement sur la pratique des asanas (les postures) et du pranayama (la respiration). Son influence a largement dépassé le monde du yoga. Né le 14 décembre 1918 au sein d'une famille pauvre dans le village de Bellur dans l'État du Karnataka en Inde, pendant l'épidémie mondiale de grippe de 1918, dont sa mère était atteinte et pour laquelle on avait peu d'espoir qu'il y survive. Il naquit faible, avec des bras et jambes maigres, un ventre protubérant et une grosse tête ; sa santé plus tard fut détériorée par des crises de malaria, de fièvre typhoïde et de tuberculose. Quand il fut sur le point d'avoir neuf ans, son père mourut. Sa vie prit un tournant favorable en mars 1934 ; à l'âge de 16 ans, il s'initie au yoga sous la houlette de Sri Tirumalai Krishnamacharya. Il fut son guru et beau-frère (marié à sa sœur aînée). B.K.S. Iyengar a eu des élèves célèbres tels que J. Krishnamurti, Jayaprakash Narayan, Achyut Patwardhan et Yehudi Menuhin. La rencontre avec ce dernier en 1952 sera suivie de rencontres avec d’autres personnalités qui permettront à B.K.S. Iyengar d'enseigner en Occident. En 1966, B. K. S. Iyengar publie Yoga Dipika, Lumière sur le yoga, qui est traduit en 18 langues. Il a publié 14 livres et a participé à de nombreuses conférences et ateliers. Il définit le yoga comme étant à la fois un art, une science et une philosophie. La méthode Iyengar repose sur la précision et l'alignement dans les postures afin d’entraîner l’esprit à s’impliquer dans l’action juste. L'intensité et la rigueur la caractérisent.

 

(2)    Gregor Maehle (né en 1963) Diplômé d'histoire, de philosophie, de religions comparées et de sanscrit, Gregor Maelhe étudie le yoga, la méditation et la philosophie auprès de différents maîtres. L'Ashtanga Yoga est depuis 1990 sa principale forme de pratique de yoga. Gregor Maehle propose une interprétation vivante et authentique de l'intégralité des yoga-sûtras, de Patanjali.

 

(3)   K. Pattabhi Jois (26 juillet 1915– 18 mai 2009) était un gourou indien du yoga qui a développé et popularisé un style fluide de yoga  postural connu sous le nom de Ashtanga vinyasa yoga. Pattabhi Jois fait partie d’une courte liste d’Indiens qui ont contribué à établir le yoga moderne comme exercice au 20ème siècle. Jois a étudié avec Krishnamacharya de 1927 à 1929 dans son propre village, puis à Mysore de 1932 à 1953. En 1948, Jois a créé l’Institut de recherche sur l’Ashtanga Yoga chez eux à Lakshmipuram. En 1964, un Belge nommé André Van Lysebeth a passé deux mois avec Jois à apprendre les séries primaires et intermédiaires du système Ashtanga Vinyasa Yoga. Peu de temps après, Van Lysebeth a écrit le livre J’apprends le Yoga (1967) dans lequel il mentionne Jois et inclut son adresse. Cela a amené les Occidentaux à Mysore pour étudier le yoga. En 2010, il est devenu de notoriété publique que Jois avait systématiquement abusé sexuellement de certains de ses étudiants de yoga, hommes et femmes, à Mysore et lors de ses voyages, jusqu’à sa mort en 2009. Le nombre de victimes est inconnu, mais des femmes et des hommes ont décrit leurs expériences d’abus, preuves vidéo et photographiques. Certains professeurs d’Ashtanga Yoga bien connus se sont manifestés pour corroborer les accusations. Sharath Jois s’est excusé en public pour ces comportements inapropriés de son grand Père.

 

(4)    R. Sharath Jois est enseignant, praticien et détenteur de la lignée d'Ashtanga Yoga, dans la tradition de son grand-père K. Pattabhi Jois. Il est le directeur du Sharath Yoga Center à Mysore, en Inde.

 

(5)    Aurobindo Ghose, dit Sri Aurobindo, né le 15 août 1872 à Calcutta et mort le 5 décembre 1950 à Pondichéry, est un philosophe, poète et écrivain spiritualiste qui a développé une approche nouvelle du yoga. Il fut également un des leaders du mouvement pour l'indépendance de l'Inde. Sri Aurobindo a développé une pratique spirituelle qu’il a appelée Yoga Intégral. Le thème central de sa vision était l’évolution de la vie humaine vers une vie divine dans un corps divin. Il croyait en une réalisation spirituelle qui non seulement libérait mais transformait la nature humaine, permettant une vie divine sur terre. En 1926, avec l’aide de sa collaboratrice spirituelle, Mirra Alfassa (appelée « La Mère »), Sri Aurobindo Ashram a été fondé.

 

(6)    Mathieu Ricard moine bouddhiste docteur en génétique cellulaire. Né à Aix-les-Bains, Savoie, France, il est le fils de feu Jean-François Revel (né Jean-François Ricard), un philosophe français de renom. Sa mère est la peintre abstraite lyrique et nonne bouddhiste tibétaine Yahne Le Toumelin. Matthieu Ricard a grandi parmi les personnalités et les idées des milieux intellectuels français. Ricard a travaillé pour un doctorat en génétique moléculaire à l’Institut Pasteur sous la direction du lauréat français du prix Nobel François Jacob. Après avoir terminé sa thèse de doctorat en 1972, Ricard a décidé d’abandonner sa carrière scientifique et de se concentrer sur la pratique du bouddhisme tibétain. Ricard est ensuite allé en Inde où il a vécu dans l’Himalaya pour étudier avec le Kangyur Rinpoché et quelques autres enseignants de cette tradition. Il est devenu un élève proche et un ami de Dilgo Khyentsé Rinpoché jusqu’à la mort de Rinpoché en 1991. Depuis lors, Ricard a consacré ses activités à la réalisation de la vision de Khyentsé Rinpoché. Ricard a été appelé la « personne la plus heureuse du monde » par plusieurs médias populaires. Matthieu Ricard était un sujet bénévole dans une étude réalisée à l’Université du Wisconsin-Madison sur le bonheur, obtenant un score nettement supérieur à la moyenne de centaines de volontaires. Il a co-écrit une étude sur le cerveau de méditants à long terme, y compris lui-même, qui avait subi un minimum de trois ans de retraite.

 

(7)   Maharishi Mahesh Yogi (né Mahesh Prasad Varma, 12 janvier 1918 - 5 février 2008) était un gourou indien du yoga connu pour avoir développé et popularisé la Méditation Transcendantale et pour être le leader et le gourou d’une organisation mondiale qui a été caractérisée de multiples façons, y compris comme un nouveau mouvement religieux et comme non religieux. Il est devenu connu sous le nom de Maharishi (ce qui signifie « grand voyant ») et Yogi à l’âge adulte. Le Maharishi a formé plus de 40 000 enseignants de MT, a enseigné la technique de Méditation Transcendantale à « plus de cinq millions de personnes ». Il est considéré comme responsable de la popularisation de la méditation en Occident, ce qu’il a accompli en enseignant la Méditation Transcendantale dans le monde entier grâce à une organisation très efficace de son propre développement. Le Maharishi est également crédité de « la proposition de l’existence d’un état de conscience unique ou quatrième avec une base en physiologie » et de l’application d’études scientifiques à la recherche sur les effets physiologiques de la Méditation Transcendantale et le développement d’états de conscience supérieurs, domaines précédemment relégués au mysticisme.

 

(8)     

 

 

 

Dans le yoga, dhyana est un terme sanskrit qui désigne la technique par laquelle on maintient de façon prolongée  une attention exclusive sur un seul objet.

 

Dhyana est le plus souvent traduit par méditation. Ce terme a pris de nos jours un sens beaucoup plus large allant de la simple relaxation à la réalisation de soi. La  méditation est devenue  un concept parapluie qui regroupe plusieurs procédures plusieurs  techniques qui ont des visées et des objets différents ( reference: Patricia Carrington 1987)

 

La première apparition du mot dhyana se trouve dans les  Upanishads. Dhyana est devenue  l'un des anga,  l'un des membres du yoga classique des Yoga Sutra. On  retrouve dhyana dans les traditions hindoues bouddhistes  chinoises coréennes japonaises etc...

 

Pour  pratiquer dhyana l'attention doit avoir un objet sur lequel se concentrer et elle doit s'y tenir. Ce point de fixation de l'attention, ce support de méditation peut être quasiment n'importe quoi mais il est préférable pour débuter que ce soit un élément simple: un objet, un paysage, un son, un texte, un chant, un mantra, une visualisation, une figure géométrique etc....  C'est la capacité de la conscience à se maintenir en éveil focalisée sur un même objet sans se laisser distraire qui est la première caractéristique de dhyana .

 

Dans le yoga classique, avec dhyana comme avec dharana  il y a initialement une effort conscient pour repousser les pensées et les perceptions sans intérêt par rapport à l'objet choisi. La spécificité de dhyana c'est qu'au delà de cet effort,  il s’établit dans la durée  un flux constant de sensations en provenance de l'objet et d'attention en direction de l'objet. Shri Aurobindo définit dhyana signifiecomme "flux ininterrompu de conscience sur un objet particulier".

 

Respiration, rythme cardiaque et métabolisme se  stabilisent. L' agitation du mental disparait. Le calme intérieur la sérénité font leur apparition et s'installent. Le cœur  s'ouvre à  la bienveillance et à la compassion (bhakti). L'esprit devient plus clair plus aigu plus sage ( jnana ). Dans ces conditions la conscience profonde peut naître.

 

Dans les Yoga Sutra dhyana constitue une branche du yoga distincte  de celle des états d'absorption (samadhi). Dhyana   est  présentée comme une étape préparatoire aux samadhi.

 

Les deux termes dhyana et samadhi sont par ailleurs  très souvent interchangés. Par exemple, les traductions Ch'an en chinois, Sŏn en coréen, Thiền en vietnamien et Zen en japonais sont des noms d’écoles de dhyana bouddhistes, dérivées les unes des autres, où dhyana prend ce sens fort de samadhi.

 

Pour certains maîtres de yoga du XXe,  la méditation peut  intervenir à tous les niveaux de la pratique du yoga: selon Iyengar "les asana constituent une véritable méditation". Maehle écrit que la pratique de vinyasa (enchaînements dynamiques de postures) constitue en soi une méditation sur l'impermanence, lorsque le yogi passe de "faire sa pratique" à celui "d'être agis", " d'être mis en mouvement".

 

 

 

En Occident à l'époque moderne Dhyana est le plus souvent traduit par méditation. Ce terme a pris de nos jours un sens beaucoup plus large allant de la simple relaxation à la réalisation de soi. La  méditation est devenue  un concept parapluie qui regroupe plusieurs procédures plusieurs  techniques qui ont des visées et des objets différents ( réference: Patricia Carrington 1987)

La pratique de la méditation a retrouvé un regain d’intérêt avec la méditation transcendantale au XXe siecle dans les années 60 et au XXIe siècle avec la méditation de pleine conscience (1).

(1) Note sur la " méditation de pleine conscience "

 

La pratique de la méditation  de pleine conscience consiste d'abord  à se poser bien éveillé pleinement présent (on dit "en pleine conscience" pour traduire l'anglais mindfullness qu'on pourrait aussi traduire par présence totale ou attention complète), conscient de ses perceptions, dans le moment ici et maintenant, sans jugement,  sans  attente particulière.  Cette pleine conscience  aide à créer une distance émotionnelle saine avec les pensées empreintes d’inquiétude. Cette  diminution des sentiments d'inquiétude a été mise en évidence par des études de l'activité des zones du cerveau. " Pendant une méditation de pleine conscience, votre cerveau s’entraîne à contrôler vos réactions. Donc si vous méditez assez souvent, vous pouvez mieux contrôler vos réactions dans votre quotidien, » explique Fadel Zeidan, directeur de recherche en neuroscience  à la Wake Forest School of Medecine.

 

Si le premier objectif de la méditation est de transformer notre expérience du monde, il s'avère également que l'expérience méditative a des effets bénéfiques sur la santé. Connue chez les psychologues et dans certains hôpitaux sous le nom de méditation de pleine conscience (de l'anglais mindfullness qu'il vaudrait mieux traduire par présence totale), elle favorise un état mental qui produit des effets thérapeutiques et préventifs  sur la santé.  

 

La méditation "de pleine conscience" a fait l' objet d' études scientifiques qui attestent de ces bénéfices qu'elle procure dans différentes pathologies. Des expériences  ont montré qu'un sujet exposé à un stimulus visuel invariant se détache des autres perceptions et perd contact avec l'extérieur: au cours de ce processus les vibrations de  son cortex central adoptent  un rythme dit "alpha".  Il en est de même lorsque l'attention est concentrée sur d'autres supports de méditation comme la répétition d'un mantra, la visualisation d 'un yantra,  la respiration rythmée. Matthieu Ricard moine bouddhiste docteur en génétique cellulaire s'est prêté à plusieurs tests scientifiques, qui confirment les modifications de l'activité du cerveau en état de méditation: ces modifications concernent  notamment des aires cérébrales liées à la gestion du stress et à l'attention.

 

Les  indications médicales de la méditation de pleine conscience  sont la lutte contre le stress,  la prévention des rechutes chez les personnes dépressives, la diminution des symptômes d'anxiété et la réduction des souffrances psychologiques liées au cancer; mais la méditation  serait également intéressante (effets à valider ou à confirmer) dans d'autres pathologies: addictions, diabète, boulimie, maladie coronaire, asthme, hypertension,  troubles bipolaires, bouffées de chaleur, psoriasis, etc. . La méditation favorise un état mental qui stimule aussi le système immunitaire et joue donc un rôle positif dans la prévention des infections notamment respiratoires.  Autant d'arguments qui encouragent la pratique de la méditation à titre individuel dans une démarche de prévention ou de recherche du bien-être.  Si la pratique de la méditation a des effets positifs, il est important de ne pas se focaliser sur la recherche de ces bienfaits, car l'attente de résultats ne ferait que créer des tensions à l'opposé même des principes de disponibilité .

 

(2) Note sur la méditation transcendantale

 

La méditation transcendantale est une marque déposée de relaxation et de développement personnel dérivée de la méditation indienne, introduite en Occident en 1955 par Maharishi Mahesh Yogi (1917-2008).

 

Selon son créateur, il s'agit d'une technique mentale de relaxation et de « développement de la conscience »  qui est présentée comme « simple, naturelle, ne nécessitant aucun effort et se distinguant des autres techniques de méditation ou de relaxation par une absence totale de concentration et de contemplation ».

 

Cette méditation se pratique à l'aide d'un mantra, un son abstrait utilisé mentalement, que les responsables du mouvement de la méditation transcendantale présentent comme « dépourvu de signification »

 

La méditation transcendantale  aurait la capacité de générer un état de conscience que le Maharishi a baptisé « éveil au repos » et qui se traduit par  un état physiologique plus ordonné, un relâchement de tension, et un accroissement de "l'intelligence créatrice".

 

Dans cette méditation, l'usage du mantra permettrait à l'esprit de se diriger vers un état de silence infini et de pure félicité  appelé « conscience pure », équivalent au Soi. Dans le  védanta notamment l' advaïta védanta le Soi avec un S majuscule (parfois appelé « vrai soi » ou « Soi supérieur » par distinction avec l'ego ou « soi » avec un s minuscule), désigne l'identité première et ultime de l'être.

 

Une pratique régulière de la méditation transcendantale pourrait réduire  la pression artérielle mais il n'y a « pas suffisamment de preuves de qualité pour conclure si oui ou non la MT a un effet cumulatif positif sur la pression artérielle ». L AHA  classe la méditation transcendantale avec un niveau qui signifie que l'efficacité est loin d'être établie mais que la méditation transcendantale  peut être envisagée en pratique clinique pour abaisser la tension artérielle car le bénéfice attendu est supérieur au risque.

 

L'acteur et réalisateur Clint Eastwood, accompagné d'autres personnalités, fait la promotion de la méditation transcendantale en tant que remède au stress provoqué par la guerre. Pour son anniversaire, le 25 octobre 2012, la chanteuse Katy Perry demande à ses admirateurs via Twitter de faire une donation à la fondation David Lynch pour offrir la Méditation transcendantale, qu'elle pratique depuis 2010, aux victimes de stress post-traumatique.

 

Quelques références sur "la méditation"

  • Caroline Klebl discusses Meditation
  • Marc Alain Descamps
  • L' Art de la Méditation Mathieu Ricard :ISBN : 2841113957  © editions Nil  2008 
  • Méditer Jon Kabat-Zinn :ISBN  9782352041054 ©Les Arènes 2010 accompagné d'un CD de 108 leçons de pleine conscience
  • Christophe André  Méditer jour après jour : ISBN 9782913366374 © L'Iconoclaste 2011
  • David Fontana Le livre de la méditation POCKET Mai 1995 collection l'age d'être