La méditation apparait déjà dans le Rig-Veda, puis dans certaines Upanishad, dans les Yoga Sutra de Patanjali et dans des textes médiévaux ou plus récents sur le Hatha yoga. La méditation commence à être reconnue en Occident, alors qu’elle est une activité immémoriale en Orient dans le Yoga, le Bouddhisme, le T’chan, le Zen, le Soufisme, le Taoïsme. On retrouve des formes de méditation dans des religions, dans des traditions ésotériques ainsi que dans les pratiques modernes de la méditation transcendantale et plus récemment de la méditation de pleine conscience. Les différentes formes de méditation reposent sur un triptyque concentration, calme intérieur et conscience profonde.
Dhyana la méditation yogi-que est un anga une composante du yoga que l'on retrouve dans beaucoup de yoga contemporains. La méditation yogi-que garde une spécificité propre par rapport à d'autres formes de méditation, par son approche holistique avec l’intégration entre le corporel, le psychologique et le spirituel et par la richesse des voies de développement de la conscience: par la force hatha, par l'action karma, par l'amour bakhti et par la sgesse jnana.
La méditation dhyana va au delà des techniques de relaxation, de lâcher-prise, de retrait des sens, d'écoute intérieure, de concentration dharana.
La première étape de la méditation repose sur des techniques de concentration spécifiques basées sur le maintien de l'attention exclusive sur un objet unique: l'attention doit avoir un
objet sur lequel se concentrer et elle doit s'y tenir. Ce point de fixation de l'attention, ce support de méditation peut être quasiment n'importe quoi mais il est préférable pour débuter que ce
soit un élément simple: un objet, un paysage, un son, un texte, un chant, un mantra, une visualisation, une figure géométrique etc.... C'est la capacité de la conscience à se maintenir en
éveil focalisée sur un même objet sans se laisser distraire qui constitue la première étape de la méditation. Mais alors que dans la concentration dharana c'est le mental qui est sollicité et qu'il y a une effort conscient d'attention pour repousser ou laisser passer
les pensées et les perceptions sans intérêt par rapport à l'objet choisi, dans la méditation dhyana c'est la conscience profonde qui est
sollicitée. Dans la méditation il y a un flux constant de sensations en provenance de l'objet et d'attention en direction de l'objet. cela se pratique sans
effort de volonté, sans analyse intellectuelle, sans attente particulière, sans jugement mais en pleine présence dans le lieu et dans
l'instant.
Quand
cette concentration méditative se maintient suffisamment longtemps, c'est spontanément que le calme intérieur la sérénité peuvent commencer à faire leur apparition.
Le corps et l'esprit entrent alors dans un état de paix intérieure tranquille et silencieux, une sorte d'état de grâce. Respiration, rythme
cardiaque et métabolisme se stabilisent et s'harmonisent. L' agitation du mental s' arrête,
l'esprit devient plus clair, plus ouvert, plus aiguisé. Le méditant fait alors l'expérience de sa capacité à rassembler les fragments dispersés du mental, à diminuer ses sentiments d'inquiétude,
à s'affranchir des états mentaux qui entretiennent les souffrances: c'est l'étape de l'installation du calme,
de la sérénité .
La
troisième étape de la méditation c'est l'expérience de l'ouverture et de la clarté de l'esprit, par lesquelles la conscience profonde peut naitre. La conscience profonde passe par
bhakti le développement en nous de l'amour, de la compassion, de l'ouverture bienveillante et par jnana le développement en nous de la sagesse, de la connaissance
profonde, de la vision claire et
pénétrante. La conscience profonde ouvre les portes du monde intérieur de l'esprit, offrant par la même au méditant la possibilité
d'expérimenter une forme de spiritualité, sans prérequis ni substrat d'ordre intellectuel, philosophique ou religieux, jusqu'à
la découverte de la suprême liberté et du divin en
soi.
La méditation effaçant les barrières entre l'intérieur et l'extérieur, elle a d'abord pour effet
de transformer notre expérience du monde: l'ego est mis de coté au profit d'un sens plus profond de l'être.
Les relations avec soi même et avec les autres se
modifient.
Le méditant peut aller jusqu'à faire l'expérience personnelle de l'unité, de la
disparition de la distinction entre les opposés notamment entre le "moi" et "l'autre", entre son individualité et le reste du monde, entre son esprit et l'universel. De façon
plus profonde encore il prend conscience de la "non réalité" de ces distinctions.
La méditation sera d'autant plus efficace qu'elle deviendra partie intégrante d'une pratique régulière. La pratique peut être active ou statique. Pour certains maitres yogi la méditation intervient à tous les niveaux du yoga: selon Iyengar, les asana constituent une véritable méditation. Maehle écrit que la pratique de vinyasa (enchainement dynamique de postures) constitue en soi une méditation sur l'impermanence, lorsque le yogi passe de "faire sa pratique" à celui "d'être agi" "d'être mis en mouvement".
Dans nos cours de yoga intégral, la méditation dhyana est une pratique immobile en position savasana ou en position assise. Elle intervient après le pranayama, les asana , la relaxation en savasana et l' écoute intérieure pratyahara.
La pratique de la méditation de pleine conscience consiste d'abord à se poser bien éveillé pleinement présent (on dit "en pleine conscience"pour traduire l'anglais mindfullness qu'il vaudrait peut être mieux traduire par présence totale ou attention complète), conscient de ses perceptions, dans le moment ici et maintenant, sans jugement, sans attente particulière. Cette pleine conscience aide à créer une distance émotionnelle saine avec les pensées empreintes d’inquiétude. Cette diminution des sentiments d'inquiétude a été mise en évidence par des études de l'activité des zones du cerveau. " Pendant une méditation de pleine conscience, votre cerveau s’entraîne à contrôler vos réactions. Donc si vous méditez assez souvent, vous pouvez mieux contrôler vos réactions dans votre quotidien, » explique Fadel Zeidan, directeur de recherche en neuroscience à la Wake Forest School of Medecine.
Si le premier objectif de la méditation est de transformer notre expérience du monde, il s'avère également que l'expérience méditative a des effets bénéfiques sur la santé. Connue chez les psychologues et dans certains hôpitaux sous le nom de méditation de pleine conscience (de l'anglais mindfullness qu'il vaudrait mieux traduire par présence totale), elle favorise un état mental qui produit des effets thérapeutiques et préventifs sur la santé.
La méditation "de pleine conscience" a fait l' objet de nombreuse études scientifiques qui attestent de ces bénéfices qu'elle procure dans différentes pathologies. Des expériences ont montré qu'un sujet exposé à un stimulus visuel invariant se détache des autres perceptions et perd contact avec l'extérieur: au cours de ce processus les vibrations de son cortex central adoptent un rythme dit "Alpha". Il en est de même lorsque l'attention est concentrée sur d'autres supports de méditation comme la répétition d'un mantra, la visualisation d'un yantra, la respiration rythmée. Matthieu Ricard moine bouddhiste docteur en génétique cellulaire s'est prêté à plusieurs tests scientifiques, qui confirment les modifications de l'activité du cerveau en état de méditation: ces modifications concernent notamment des aires cérébrales liées à la gestion du stress et à l'attention (sillon frontal supérieur sillon interpariétal, cortex préfrontal dorsolatéral, cortex visuel).
Les indications médicales de la méditation de pleine conscience sont la lutte contre le stress, la prévention des rechutes chez les personnes dépressives, la diminution des symptômes d'anxiété et la réduction des souffrances psychologiques liées au cancer; mais la méditation serait également intéressante (effets à valider ou à confirmer) dans d'autres pathologies: addictions, diabète, boulimie, maladie coronaire, asthme, hypertension, troubles bipolaires, bouffées de chaleur, psoriasis, etc. . La méditation favorise un état mental qui stimule aussi le système immunitaire et joue donc un rôle positif dans la prévention des infections notamment respiratoires. Autant d'arguments qui encouragent la pratique de la méditation à titre individuel dans une démarche de prévention ou de recherche du bien-être. Si la pratique de la méditation a des effets positifs, il est important de ne pas se focaliser sur la recherche de ces bienfaits, car l'attente de résultats ne ferait que créer des tensions à l'opposé même des principes de disponibilité .